Critique Ciné – La Vie Rêvée de Walter Mitty

 Dans les brumes des fêtes de fin d’année, je livre tardivement cette critique du dernier film de Ben Stiller, que j’ai eu la change de voir il y a déjà un petit moment. J’ai été plus que surpris par ce film, mais avant de vous livrer mon sentiment à son sujet, on commence, comme d’hab, par le synopsis :

Walter Mitty est un homme ordinaire, enfermé dans son quotidien, qui n’ose s’évader qu’à travers des rêves à la fois drôles et extravagants. Mais confronté à une difficulté dans sa vie professionnelle, Walter doit trouver le courage de passer à l’action dans le monde réel. Il embarque alors dans un périple incroyable, pour vivre une aventure bien plus riche que tout ce qu’il aurait pu imaginer jusqu’ici. Et qui devrait changer sa vie à jamais.

Je vous avoue qu’en arrivant dans la salle de projection, je ne m’attendais pas à grand chose. Après tout, Ben Stiller est plutôt connu pour sa participation active à une certaine gamme de films (plus ou moins) comiques. Pour autant, son dernier film, si il reste malgré tout assez drôle, ne donne pas dans l’humour potache. Au contraire, il raconte plutôt le parcours initiatique d’un homme qui a plus souvent rêvé sa vie plutôt que la vivre vraiment. A travers la quête de son personnage, Ben Stiller nous montre que parfois, il suffit d’un prétexte pour changer sa vie. En fond de cette “aventure”, transparaît la fin du magazine Life sous sa forme papier. On connait tous le magazine Life et son influence sur la presse mondiale, et surtout sur la photographie de reportage (vous trouverez d’ailleurs ici les archives photographiques du magazine Life). Son film est une adaptation d’une histoire créée par James Thurbern, qui était un des humoristes/cartoonistes les plus connu de son époque, et qui travaillait pour Life.

Tout est quasiment parfait dans ce film. Que ce soit le rythme, la photo ou le choix de acteurs. Kristen Wiig, Shirley McLaine, les très drôles Adam Scott et Patton Oswalt et un très vaporeux Sean Penn complètent un casting haut et en couleur. Ben Stiller ne tombe jamais dans le pathos, mais livre une fable sur la vie (sur la Life) pleine de poésie et d’espoir. Ce film donne encore un bel aperçu de l’Islande, heureusement pas comme le quasi “Visit New Zealand” de Peter Jackson. Jusqu’au générique de fin, très Instagram dans l’esprit, le film est plaisant. Quoi qu’il arrive, c’est le film à voir en ce début d’année 2014 !

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Critique Ciné – 9 mois ferme

J’ai toujours été un très grand fan d’Albert Dupontel, et de l’univers si particulier qu’il arrive à mettre en place dans ses films. Je l’apprécie aussi en tant qu’acteur, même si les rôles qu’il s’octroie dans ses propres films ne sont clairement pas ses meilleurs. Bref, j’étais donc plutôt excité avant la projection de son nouveau film “9 mois ferme“. On attaque, comme d’habitude, avec le synopsis :

Ariane Felder est enceinte ! C’est d’autant plus surprenant que c’est une jeune juge aux mœurs strictes et une célibataire endurcie. Mais ce qui est encore plus surprenant, c’est que d’après les tests de paternité, le père de l’enfant n’est autre que Bob, un criminel poursuivi pour une atroce agression ! Ariane, qui ne se souvient de rien, tente alors de comprendre ce qui a bien pu se passer et ce qui l’attend…

Le point de départ est clair, du coup, le plus intéressant n’est pas forcément l’histoire (même si les rebondissement sont bien là). Non vraiment, c’est le jeu cabot des deux protagonistes principaux (mais aussi quelques seconds rôles savoureux comme l’avocat Trolos, bègue, et magnifiquement joué par Nicolas Marié). Sandrine Kiberlain est, comme à son habitude, parfaitement à l’aise, y compris dans les moments plus calme. C’est d’ailleurs de son personnage que découle certains des passages les plus riches en émotions. Parce que ce film vous fera rire, c’est un fait, mais pas seulement. Comme d’habitude Albert Dupontel joue un personnage assez proche de son Bernie fétiche, ce qui est un peu ennuyeux certes, mais bon, comme je suis fan, cela tient la route pour moi !

Ne vous attendez malgré tout pas à un film culte. Il est court, et la fin est plutôt convenue. Dupontel nous emmène à nouveau dans un film qui raconte une rencontre improbable, et ajoute à cela son univers un peu Grand Guignol, parfois trash. Pour autant tout ceci est contre balancer par une galerie de personnages drôles et bien caricaturaux. Un bon moment donc, que l’on pourra juger trop court (1h22), mais qui devrait vous transporter de la détresse à la joie, avec une finesse toute particulière.

PS : Bien regarder les messages qui défile lors des passages “télé d’information”.

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Critique Ciné – Les Amants du Texas

Les films ayant gagnés un prix à Sundance sont souvent relativement intimiste et surtout centrés sur les personnages, plus que sur le scénario. Le film de David Lowery n’échappe pas à cette pseudo règle. Allez, on commence par le synopsis :

Bob et Ruth s’aiment, envers et contre tout. Et surtout contre la loi. Un jour, un braquage tourne mal et les deux amants sont pris dans une fusillade. Quand Bob est emmené par la police, Ruth a tout juste le temps de lui annoncer qu’elle est enceinte. Dès lors, Bob n’aura qu’une obsession : s’échapper de prison pour rejoindre sa femme et son enfant. Mais quand il y parvient, quatre ans plus tard, le rêve correspond mal à la réalité. En fuite, poursuivi par la police et par les membres d’un gang, Bob peine à rétablir le lien avec sa famille. Ruth est devenue mère et elle ne veut pas d’une vie de cavale : courtisée par un policier attentionné, la jeune femme devra choisir entre le passé et l’avenir.

L’histoire est du coup des plus classique… Elle narre les « aventures » d’un couple de gangster texan qui se retrouvent séparés après une fusillade avec les sheriffs. L’homme, Bob Muldoon (joué par le très bon Casey Affleck, qui livre ici une belle prestation) prend sur lui d’aller en prison pour que sa femme Ruth Guthrie (jouée par l’exceptionnel Rooney Mara) puisse poursuivre et élever leur futur bébé. Le troisième larron de ce qui sera un triangle amoureux un peu calme est le jeune sheriff Patrick Wheeler (joué par Ben Foster), blessé lors de la fusillade par une balle perdue de Ruth, et qui prendrait bien, 4 ans après la fusillade, la place de Bob dans la petite famille.

Le scénario perd de la crédibilité lors de l’annonce de l’évasion de Bob, car on ne sent pas spécialement d’empressement à le retrouver dans le jeu du Sheriff Wheeler. En fait, si Rooney Mara livre une partition de mère élevant seule son enfant (avec l’aide du génial Keith Carradine en père adoptif), le reste du film manque cruellement de rythme. Vous me direz que c’est une habitude dans les films venus de Sundance… Malgré tout, on a vraiment l’impression que David Lowery à passer plus de temps à travailler avec son directeur de la photographie qu’avec ses acteurs. En fait, David Lowery réussi à maintenir son audience dans l’expectative, on attend toujours le moment ou cela va définitivement se lancer (dramatiquement hein, pas spécialement avec de la violence). Sauf que cela n’arrive jamais… Et quand la fin arrive, le climax n’est toujours pas là, du coup, on en sort avec rien. David Lowery réussi un film qui se perd dans sa propre mélancolie.

“Les Amants du Texas” – (Titre original : Ain’t Them Bodies Saints) de David Lowery, Avec Casey Affleck, Rooney Mara, Ben Foster et Keith Carradine sortira en salle chez nous le 18 septembre 2013.

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Critique Ciné – L’écume des jours, Noir c’est noir !

Comme beaucoup d’entre vous, j’avais trouvé cohérent que ce soit Michel Gondry qui s’attelle à la lourde tâche de réaliser une adaptation cinématographique de « L’écume des jours » de Boris Vian. Dans le cadre du Club 300 Allociné, j’ai eu la chance de découvrir ce film, en présence de son réalisateur il y a peu. On commence, comme d’habitude, avec le synopsis :

L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé, une jeune femme semblant être l’incarnation d’un blues de Duke Ellington. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, dans un Paris fantasmatique, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis, dont le talentueux Nicolas, et Chick, fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, se délite.

Qu’il est difficile de parler de ce film… Ce qui explique mon retard flagrant par rapport aux autres critiques d’ors et déjà disponibles sur la toile. Je vais commencer en vous disant que je n’ai pas lu le roman de Boris Vian. Du coup, je ne saurais dire si l’adaptation est fidèle à l’oeuvre d’origine. Du coup, j’ai surtout vu un film de Gondry. Et la, et bien… Pas de surprise réelle, on retrouve la mise en scène de bric et de broc habituelle des productions françaises de Michel Gondry. La Science des rêves laisse d’ailleurs entrevoir clairement ce que peut être l’écume des jours façon Gondry. Il propose ici un film de cinéma “Total”. J’entends par la qu’il use et abuse de tous les outils que le cinéma met a sa disposition, et essaye d’en tirer ce qu’il lui faut pour rendre à l’écran les images qu’il a dans sa tête. C’est assez déroutant, parfois drôle, mais c’est toujours original. Il créé donc un Paris alternatif, un monde alternatif dans lequel il fait évoluer l’histoire tragique de Colin (Romain Duris, fidèle à lui même) et Chloé (Audrey Tautou, qui tiens la un de ces meilleurs rôles). Tragique, c’est clairement le mot, tant cette histoire est dure, noire et profondément oppressante.

L’univers si fantastique, pratique et délicieusement rêveur du film se trouve ainsi transformé par cette noirceur. Les décors devenant une expression de plus du malheur qui s’abat sur le couple. L’appartement si drôle de Colin se rétrécit sur les personnages, les couleurs vive et le soleil disparaissant peu à peu, le film se clôturant presque en film noir et blanc muet. Les seconds rôles, qui semblent parfois vivre leur vie (peut-être est-ce le cas dans le roman) sont présent sans l’être. Gad Elmaleh est très bon dans son rôle de fan ultime de Jean-Sol Partre par exemple. Il semblerait que le roman de Boris Vian s’intéressait un peu plus à eux d’ailleurs, mais cela parait logique pour une adaptation. On a tout de même l’impression que les rôles ont été un peu travaillé et tordu pour correspondre à leurs acteurs respectifs. Omar fait du Omar, Duris fait du Duris, etc. Pour moi les meilleurs acteurs de ce film étant (par ordre de préférence) Audrey Tautou, Gad Elmaleh et Aïssa Maïga.

Je conseillerais presque de voir le film plusieurs fois, mais moi même je ne serait pas capable de le faire ! Donc je vais simplement vous dire de la voir, mais de vous armer le plus possible, car il est assez dur, et on n’en sort pas triste… Mais sec.

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Critique Ciné – The Croods, Ma caverne est la plus originale !

Dans le cadre du Club 300 Allociné, j’ai eu l’occasion de voir plusieurs films d’animation. Ceux des génies de chez Pixar, ou ceux du grand ancien Disney (qui est maintenant bien plus proche de Pixar que jamais). Le film dont je vais vous parler ce soir est du troisième larron. Dreamworks Animation. Ceux la sont connus notamment pour les 4 Shrek, et le très moyen Chat Potté (même si ce cabot de Banderas reste très drôle dans son interprétation). Son titre ? The Croods. En voici le pitch :

Lorsque la caverne où ils vivent depuis toujours est détruite et leur univers familier réduit en miettes, les Croods se retrouvent obligés d’entreprendre leur premier grand voyage en famille. Entre conflits générationnels et bouleversements sismiques, ils vont découvrir un nouveau monde fascinant, rempli de créatures fantastiques, et un futur au-delà de tout ce qu’ils avaient imaginé. 
Les Croods prennent rapidement conscience que s’ils n’évoluent pas… ils appartiendront à l’Histoire.

Vous ne sortirez pas grandi après avoir vu ce film d’animation. Mais cela ne sous-entend pas que vous passerez un mauvais moment, bien au contraire. Au centre de l’aventure d’une famille de Flinstone moderne, se trouve la lutte vieille comme le monde entre la force brute et la réflexion. Les Croods sont une famille d’hommes des cavernes qui suivent la sacro sainte règle édictée par le patriarche de la famille : “Ne jamais être curieux, car être curieux mène à la mort !”. Ils passent donc une partie de leurs journées à courir dans un style très “ovalie” après le “petit-déjeuner“. A la nuit tombée, ils se cachent dans leur cave, avec comme seule divertissement les histoires du patriarche, Grug, qui content toujours les aventures d’une jeune fille trop curieuse, et qui finit toujours par la mort de la dite jeune fille.

Evidemment, la dite jeune fille, c’est un peu Eep, la grande de la famille Croods. C’est elle qui déclenche le Road Trip des Croods. Car sa curiosité va la faire rencontrer le jeune “Guy” (à prononcer à l’anglaise, la traduction en français donnerait plutôt “ce mec” ou “le type”). Ce dernier, fervent adepte de l’utilisation de son cerveau, va leur apprendre une bien triste nouvelle. En effet leur monde sera bientôt détruit, et que leur seul espoir sera de filer vers les hauteurs. L’aventure commence alors, bourrée d’animaux plus improbables les uns que les autres. Dont un tigre a dent de sabre géant plus que mignon… Bref, vous passerez un moment non pas inoubliable, mais au moins divertissant. Les créateurs de Madagascar, sans complexes, restent sur la recette de la franchise précédente, sans apporter beaucoup de nouveautés.  M’enfin, qu’attendre de plus d’un film d’animation destiné au plus grand nombre, dans lequel on invente le “câlin” ? A défaut de vraiment faire travailler l’intellect du spectateur. A voir donc, en VO car la VF est lamentable et oblitère une grande partie du contenu plus “adulte”… Comme d’habitude !

 

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Critique Ciné – The Place Beyond The Pines, Sins of the father

Dans le cadre du Club 300 Allociné, on peut voir toute sorte de films… Parfois comique sans raison, parfois ennuyeux par choix. Cette fois ci, j’ai eu le privilège de découvrir « The Place Beyond The Pines », le nouveau film de Derek Cianfrance. On commence, comme d’habitude, avec le synopsis du film que j’ai volontairement écourté, car trop longue à mon gout :

Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du «globe de la mort». Quand son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l’État de New York, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils… Pour subvenir aux besoins de ceux qui sont désormais sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s’échapper. Mais Luke va bientôt croiser la route d’un policier ambitieux, Avery Cross, décidé à s’élever rapidement dans sa hiérarchie gangrenée par la corruption.

Le film commence par un plan séquence on l’on suit Ryan Gosling de dos, alors qu’il traverse ce qui semble être une fête foraine d’une petite ville de l’état de New York. Il finit dans la tente ou se déroule son travail. En effet, son personnage, Luke est cascadeur de profession. Il trompe la mort chaque soir monté sur une moto dans une cage de métal sphérique. Pour renforcer un passé qui doit sembler trouble son corps est recouvert, comme sa bécane, de multiple peintures de guerre. Ce job de forain laisse entendre qu’il est toujours sur la route. Evidemment, tout cela change lorsqu’il découvre que la fille (Eva Mendes) avec lequel il avait eu une aventure l’année d’avant a mis au monde en son absence son fils. Il décide donc de changer de vie pour essayer de contribuer à la vie de sa petite famille. Sauf que ce n’est pas si simple, lorsque vous n’avez pas de travail, et que la dite belle est déjà avec un autre homme. C’est sur ces entrefaites que Luke tombe sur le très classique ami de l’ombre… Interprété ici par l’excellent Ben Mendelsohn. Ce dernier lui fournit le gite, le couvert, et un moyen de trouver facilement de l’argent, en braquant des banques… Evidemment le côté sombre revient vite à la charge, et lors d’un braquage, Luke croise la route d’Avery (Bradley Cooper).

La première chose qui frappe, c’est que le personnage de Ryan Gosling est une copie presque conforme de son rôle dans Drive. Même inexpressivité même manque de dialogue, avec les silences pesants qui peuvent parfois être un peu longs. Mais également même psychologie limite, avec les explosions de violence parfois incompréhensibles. Son partenaire de l’ombre, Robin, interprété de main de maitre par Ben Mendelson lui arrive un peu vite, même si il sera présent durant les deux parties du film. Le personnage de Bradley Cooper est lui aussi tiraillé entre son père et ses propres désirs. Le personnage d’Eva Mendes n’a par contre que très peu d’épaisseur… En effet, elle traverse le film sans vraiment laisser de trace. Et sans dévoiler l’intrigue, je ne peux pas au moins les personnages joués par Dane DeHaan et Emory Cohen sont très réussis et interprété à la perfection. Mais encore une fois, c’est un film sur les pères, et comment les actions du père influencent plus ou moins le futur des fils. Ou encore, comment les fissures et les erreurs de la génération précédente ont des répercutions des mois, des années et même des décennies après.

J’imagine que d’autre spectateurs pourraient voir dans ce film une vision de la disparition du rêve américain. A un moment du film le personnage de Bradley Cooper, Avery, précise qu’il a choisi la police parce qu’il voulait que la justice est une forme tangible, et qu’elle ne reste pas une idée. En définitive Luke et Avery se perdent tous les deux en essayant de faire quelque chose de bien de leur vie. Si la chute de Luke est visible, celle d’Avery est plus interne, car elle vient en réponse à l’héritage de son propre père. Tous les éléments nécessaires sont présents. Les turpitudes la classe moyenne, les conflits familiaux et générationnels, les relations (ou le manque de relation) entre les pères et les fils construisent une histoire certes simple, mais qui est relativement bien racontée. Je dis relativement car le film mériterait clairement un peu plus d’épaisseur sur certains personnages, et surtout un montage moins contemplatif. Même si les plans de l’état de New York sont réussis, et l’ambiance de la petite ville de Schenectady est très bien retranscrite.

Le nouveau film de Derek Cianfrance est une déchirante histoire de pères et de fils, matinée d’une réflexion sur la manière dont les péchés du père influencent ceux du fils. C’est un film complexe, qui aurait certainement mérité un montage un poil plus énergique. Mais l’histoire mérite d’être contée, et nous place devant nos propres responsabilités de la bonne manière. A voir donc, mais attention, avec une petite réserve sur les longueurs.

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Critique Ciné – Cloud Atlas, Cloudy, with a chance of WTF

Après un passage relativement rapide dans les salles obscures américaines, le dernier nés des Wachowski (Lana et Andy, accompagné ici de Tom Tykwer) arrive « enfin » en France. Annoncé comme une révolution par la production, qu’en est-il vraiment de ce pseudo film de SF plus ou moins choral ? On en cause après le synopsis :

À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement… Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l’avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié.

J’ai lu beaucoup de choses concernant ce film, mais assez peu proche de ce que j’ai ressenti en sortant de la salle après l’avant-première organisée par le distributeur et Allociné. Bien sûr, j’avais déjà compris que c’était un fil maudit. Les Wachowski ayant eu du mal à trouver le budget pour ce film, basé sur un roman renommé inadaptable. Pour autant d’autres ont déjà réussi cet exploit. Malheureusement pour ce Cloud Atlas, le seul exploit qu’il a réussi à mes yeux, c’est d’être instantanément ennuyeux. On pourrait sans doute imputer cet exploit aux très mauvais niveaux des acteurs sur ce film, comme si eux aussi, n’avait pas compris son but. Mais c’est certainement l’écriture qui pèche, les personnages n’étant que très rarement suffisamment intéressants pour que j’arrive à m’y attacher. Peut être à l’exception du personnage anglais joué par Jim Broadbent, dont l’histoire m’a au moins fait sourire.

L’histoire en elle-même est dans le plus pur style SF bas de gamme, avec en exergue que notre évolution en temps qu’espèce n’est qu’une succession de manières (plus ou moins perfectionnées) d’avilir notre prochain (ou nos créations). Ce propos simpliste se retrouve donc compliqué par un mixage de scènes racontant les mêmes choses en rythme… On passe d’une phase sur l’amour, à une phase sur l’exploitation, puis une autre sur la rébellion, etc.) Cela s’enchaine de la pire des manières, souvent bien trop vite, et du coup on est assez vite laissé sur le carreau. Surtout que toutes les époques ne servent pas toujours le propos de la même manière. Parfois même elles paraissent inutiles… La faute certainement au partage des dites scènes entre les trois réalisateurs, qui rend la chose plus que bancale d’un point de vue narratif.

Visuellement, plusieurs époques sont intéressantes. Le Néo Séoul du futur est particulièrement réussie. D’une manière générale, chaque époque est retranscrit visuellement (mais aussi au niveau de l’ambiance) de la meilleure des manières. Autre aspect positif, comme les acteurs jouent plusieurs rôles, on prend rapidement un malin plaisir a essayer de les retrouver dans chaque époques (c’est ce qui m’a fait tenir jusqu’au bout d’ailleurs). Malgré tout, rien ne rattrape l’histoire navrante qui nous est contée… Rien qui ne mérite vraiment d’investir 2h50 de votre temps.

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Critique Ciné – 40 ans : mode d’emploi, Au moins il n’est plus puceau !

Il est parfois plus simple de parler d’un film à tête reposée… C’est malgré tout assez rare que j’ai autant de temps que cette fois ci pour écrire une critique. Du coup, j’ai bien trop attendu. Pour ceux qui sortirait de leur trou, je rappelle qu’avant ce titre, le proclamé ré-inventeur du comique à l’américaine qu’est Judd Apatow avait déjà commis le moyen 40 ans toujours puceau. Précision importante si il en est vu que ce nouveau film vient s’insérer dans le même tissu de personnages.

Commençons par rappeler le synopsis :

Seul homme à la maison, Pete est marié depuis des années à Debbie avec qui il a eu deux filles, Charlotte et Sadie, âgées de 8 et 13 ans. Pete aura bientôt 40 ans et le bilan est rude : Unfiltered Records, la maison de disques indépendante qu’il a créée, bat de l’aile, son père Larry, qui a récemment, et artificiellement, engendré des triplés, compte éhontément sur son soutien financier pour nourrir cette nouvelle famille, et à la maison, la vie n’est pas non plus un long fleuve tranquille. Le quotidien avec Debbie et les filles est une série de conflits et de complications sans fin. Quant à Debbie, elle a ses propres difficultés professionnelles et filiales. Elle essaie opiniâtrement d’être une épouse et une mère parfaite, mais elle a un mal fou à négocier le virage de la quarantaine. Et pour couronner le tout, leur aînée est en pleine crise de puberté. Pete et Debbie ont atteint l’âge où le pardon, à eux et aux autres, et le lâcher-prise sont des conditions sine qua non pour parvenir à profiter du reste de leur vie… en évitant d’en passer par le meurtre.

Cela laisse rêveur non ? Mais tout ceci n’est évidemment qu’un prétexte, magistralement utilisé par (réal) pour laisser libre court à son imaginations débordante, et par la même placé ses personnages (et des membres de sa famille) dans des situations cocasse. Il traite du coup la crise de la quarantaine, un couple qui a oublié dans les tracas du quotidien la petite flamme qui maintenait tout cela en place.

Si on s’amuse ? On ne s’ennuie pas, ce qui n’est déjà pas si mal comme prouesse. Cela parlera autant aux jeunes qu’aux vieux, même si ces derniers s’offusqueront forcément de certains dialogues un peu crus. Et sinon ? Eh bien pas grand-chose… Cela remplis bien son rôle de comédie potache un peu salasse, tout en flirtant avec une certaine satyre sociale de la côte ouest américaine. Le rêve américain en prend un peu pour son grade, mais pas trop.

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Critique Ciné – Happiness Therapy, Qui est le plus fou des deux ?

Nous sommes tous malades, disait Stephen King… Le nouveau film de David O. Russel (à qui l’on doit par exemple Les rois du désert, I love Huckabees et Fighter), Happiness Therapy lui aussi est un peu fou… Doté d’un casting “AAA” comprenant un Bradley Cooper très en forme, une Jennifer Lawrence sans son arc mais avec d’autres atouts, le tout boosté avec un Robert De Niro plus que surprenant.

On attaque ? Voici déjà le synopsis :
La vie réserve parfois quelques surprises… Pat Solatano a tout perdu : sa maison, son travail et sa femme. Il se retrouve même dans l’obligation d’emménager chez ses parents. Malgré tout, Pat affiche un optimisme à toute épreuve et est déterminé à se reconstruire et à renouer avec son ex-femme. Rapidement, il rencontre Tiffany, une jolie jeune femme ayant eu un parcours mouvementé. Tiffany se propose d’aider Pat à reconquérir sa femme, à condition qu’il lui rende un service en retour. Un lien inattendu commence à se former entre eux et, ensemble, ils vont essayer de reprendre en main leurs vies respectives.

On n’est guère surpris par le film de David O. Russel, celui-ci embrassant et usant avec bonheur des codes du Feel Good Movie sans en bouger d’un iota. Pour autant, on s’attache rapidement à tous ses personnages qui n’ont pas été gâté par la vie. On peut regretter que tout soit aussi propre, et que les débordements verbaux restent dans le camp de la comédie, l’âpreté de The Fighter peut manquer. Bradley Cooper est néanmoins surprenant dans son interprétation d’un homme clairement à côté de la vie. De sa rencontre avec une autre âme esseulée, naîtra un couple par trop évident. Pour autant on se laisse facilement emmené par la narration. J’ai trouvé que la présence de Robert de Niro apportait un réel plus pour expliquer ce qui ce passe dans la tête du héros. Chris Tucker lui est anecdotique, il n’est là que pour nous rappeler d’où vient le héros. Sa folie, permanente, permet malgré tout de bien noter les améliorations que le héros subi au fur et à mesure du film.

Prenons le film pour ce qu’il est, à savoir un film destiné au plus grand monde. Hollywood sait si bien le faire, nous vendre une vie mielleuse, dans laquelle les aléas sont comblés par des moments de bonheur intense, le tout revenant à l’équilibre tout seul. Pourtant, il en existe des personnes abîmées par la vie, la vraie vie. Mais nos deux héros, aussi bon acteurs qu’ils soient ne font qu’effleurer cette réalité que de bien trop loin. Tout cela fleure bon la guimauve et le pop-corn bon marché… On ne se remet pas, surtout pas avec une danse, d’un séjour en hôpital psychiatrique. David O. Russel transforme une véritable douleur en comique de situation… J’en attendais un peu plus de lui.

Ne vous méprenez pas, le film est bien, et les acteurs présents sont parfaits dans leurs rôles. C’est une bonne comédie romantique, avec un petit grain de folie, qui semble avoir touché tous les membres du casting.

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