Critique Ciné – The Place Beyond The Pines, Sins of the father

Dans le cadre du Club 300 Allociné, on peut voir toute sorte de films… Parfois comique sans raison, parfois ennuyeux par choix. Cette fois ci, j’ai eu le privilège de découvrir « The Place Beyond The Pines », le nouveau film de Derek Cianfrance. On commence, comme d’habitude, avec le synopsis du film que j’ai volontairement écourté, car trop longue à mon gout :

Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du «globe de la mort». Quand son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l’État de New York, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils… Pour subvenir aux besoins de ceux qui sont désormais sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s’échapper. Mais Luke va bientôt croiser la route d’un policier ambitieux, Avery Cross, décidé à s’élever rapidement dans sa hiérarchie gangrenée par la corruption.

Le film commence par un plan séquence on l’on suit Ryan Gosling de dos, alors qu’il traverse ce qui semble être une fête foraine d’une petite ville de l’état de New York. Il finit dans la tente ou se déroule son travail. En effet, son personnage, Luke est cascadeur de profession. Il trompe la mort chaque soir monté sur une moto dans une cage de métal sphérique. Pour renforcer un passé qui doit sembler trouble son corps est recouvert, comme sa bécane, de multiple peintures de guerre. Ce job de forain laisse entendre qu’il est toujours sur la route. Evidemment, tout cela change lorsqu’il découvre que la fille (Eva Mendes) avec lequel il avait eu une aventure l’année d’avant a mis au monde en son absence son fils. Il décide donc de changer de vie pour essayer de contribuer à la vie de sa petite famille. Sauf que ce n’est pas si simple, lorsque vous n’avez pas de travail, et que la dite belle est déjà avec un autre homme. C’est sur ces entrefaites que Luke tombe sur le très classique ami de l’ombre… Interprété ici par l’excellent Ben Mendelsohn. Ce dernier lui fournit le gite, le couvert, et un moyen de trouver facilement de l’argent, en braquant des banques… Evidemment le côté sombre revient vite à la charge, et lors d’un braquage, Luke croise la route d’Avery (Bradley Cooper).

La première chose qui frappe, c’est que le personnage de Ryan Gosling est une copie presque conforme de son rôle dans Drive. Même inexpressivité même manque de dialogue, avec les silences pesants qui peuvent parfois être un peu longs. Mais également même psychologie limite, avec les explosions de violence parfois incompréhensibles. Son partenaire de l’ombre, Robin, interprété de main de maitre par Ben Mendelson lui arrive un peu vite, même si il sera présent durant les deux parties du film. Le personnage de Bradley Cooper est lui aussi tiraillé entre son père et ses propres désirs. Le personnage d’Eva Mendes n’a par contre que très peu d’épaisseur… En effet, elle traverse le film sans vraiment laisser de trace. Et sans dévoiler l’intrigue, je ne peux pas au moins les personnages joués par Dane DeHaan et Emory Cohen sont très réussis et interprété à la perfection. Mais encore une fois, c’est un film sur les pères, et comment les actions du père influencent plus ou moins le futur des fils. Ou encore, comment les fissures et les erreurs de la génération précédente ont des répercutions des mois, des années et même des décennies après.

J’imagine que d’autre spectateurs pourraient voir dans ce film une vision de la disparition du rêve américain. A un moment du film le personnage de Bradley Cooper, Avery, précise qu’il a choisi la police parce qu’il voulait que la justice est une forme tangible, et qu’elle ne reste pas une idée. En définitive Luke et Avery se perdent tous les deux en essayant de faire quelque chose de bien de leur vie. Si la chute de Luke est visible, celle d’Avery est plus interne, car elle vient en réponse à l’héritage de son propre père. Tous les éléments nécessaires sont présents. Les turpitudes la classe moyenne, les conflits familiaux et générationnels, les relations (ou le manque de relation) entre les pères et les fils construisent une histoire certes simple, mais qui est relativement bien racontée. Je dis relativement car le film mériterait clairement un peu plus d’épaisseur sur certains personnages, et surtout un montage moins contemplatif. Même si les plans de l’état de New York sont réussis, et l’ambiance de la petite ville de Schenectady est très bien retranscrite.

Le nouveau film de Derek Cianfrance est une déchirante histoire de pères et de fils, matinée d’une réflexion sur la manière dont les péchés du père influencent ceux du fils. C’est un film complexe, qui aurait certainement mérité un montage un poil plus énergique. Mais l’histoire mérite d’être contée, et nous place devant nos propres responsabilités de la bonne manière. A voir donc, mais attention, avec une petite réserve sur les longueurs.

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Critique Ciné – Happiness Therapy, Qui est le plus fou des deux ?

Nous sommes tous malades, disait Stephen King… Le nouveau film de David O. Russel (à qui l’on doit par exemple Les rois du désert, I love Huckabees et Fighter), Happiness Therapy lui aussi est un peu fou… Doté d’un casting “AAA” comprenant un Bradley Cooper très en forme, une Jennifer Lawrence sans son arc mais avec d’autres atouts, le tout boosté avec un Robert De Niro plus que surprenant.

On attaque ? Voici déjà le synopsis :
La vie réserve parfois quelques surprises… Pat Solatano a tout perdu : sa maison, son travail et sa femme. Il se retrouve même dans l’obligation d’emménager chez ses parents. Malgré tout, Pat affiche un optimisme à toute épreuve et est déterminé à se reconstruire et à renouer avec son ex-femme. Rapidement, il rencontre Tiffany, une jolie jeune femme ayant eu un parcours mouvementé. Tiffany se propose d’aider Pat à reconquérir sa femme, à condition qu’il lui rende un service en retour. Un lien inattendu commence à se former entre eux et, ensemble, ils vont essayer de reprendre en main leurs vies respectives.

On n’est guère surpris par le film de David O. Russel, celui-ci embrassant et usant avec bonheur des codes du Feel Good Movie sans en bouger d’un iota. Pour autant, on s’attache rapidement à tous ses personnages qui n’ont pas été gâté par la vie. On peut regretter que tout soit aussi propre, et que les débordements verbaux restent dans le camp de la comédie, l’âpreté de The Fighter peut manquer. Bradley Cooper est néanmoins surprenant dans son interprétation d’un homme clairement à côté de la vie. De sa rencontre avec une autre âme esseulée, naîtra un couple par trop évident. Pour autant on se laisse facilement emmené par la narration. J’ai trouvé que la présence de Robert de Niro apportait un réel plus pour expliquer ce qui ce passe dans la tête du héros. Chris Tucker lui est anecdotique, il n’est là que pour nous rappeler d’où vient le héros. Sa folie, permanente, permet malgré tout de bien noter les améliorations que le héros subi au fur et à mesure du film.

Prenons le film pour ce qu’il est, à savoir un film destiné au plus grand monde. Hollywood sait si bien le faire, nous vendre une vie mielleuse, dans laquelle les aléas sont comblés par des moments de bonheur intense, le tout revenant à l’équilibre tout seul. Pourtant, il en existe des personnes abîmées par la vie, la vraie vie. Mais nos deux héros, aussi bon acteurs qu’ils soient ne font qu’effleurer cette réalité que de bien trop loin. Tout cela fleure bon la guimauve et le pop-corn bon marché… On ne se remet pas, surtout pas avec une danse, d’un séjour en hôpital psychiatrique. David O. Russel transforme une véritable douleur en comique de situation… J’en attendais un peu plus de lui.

Ne vous méprenez pas, le film est bien, et les acteurs présents sont parfaits dans leurs rôles. C’est une bonne comédie romantique, avec un petit grain de folie, qui semble avoir touché tous les membres du casting.

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