Critique Ciné – Les Figures de l’Ombre

J’ai eu la chance de découvrir en avant-première un biopic pas comme les autres, racontant une histoire hors du commun…
Mais avant de vous en dire plus, on commence, comme d’habitude par le synopsis :

Le destin extraordinaire des trois scientifiques afro-américaines qui ont permis aux États-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale, grâce à la mise en orbite de l’astronaute John Glenn. Maintenues dans l’ombre de leurs collègues masculins et dans celle d’un pays en proie à de profondes inégalités, leur histoire longtemps restée méconnue est enfin portée à l’écran.

Faire un film basé sur des événements réels n’est pas une mince affaire. Parfois, le résultat peut être fait avec beaucoup de délicatesse, comme le très bon « Loving » de Jeff Nichols. Mais parfois aussi, on peut avoir un peu trop la main lourde, et le film peut du coup ne pas fonctionner du tout. Les Figures de L’Ombre sont plutôt entre les deux. Si le sujet est, comme dans « Loving », un moment clé dans l’histoire des US, avec comme toile de fond l’Amérique à l’ère de la ségrégation (et du coup, ici en Virginie). Les bons sentiments sont un peu trop présents, mais pas suffisamment pour ruiner le film, c’est borderline.

Le scénario, écrit par le réalisateur Theodore Melfi avec l’aide d’Allison Schroeder est basé sur le livre de Margot Lee Shetterly qui raconte la manière dont les barrières des couleurs ont été abolies entre les employés de la NASA au début des années 60. A cette époque, la NASA n’avait pas encore installé des machines IBM pour vérifier les calculs de ses ingénieurs, le travail était donc fait par du personnel féminin connu sous le nom de « Computers ». Il y avait notamment une équipe de femmes de couleur, parmi lesquelles trois amis qui sont les héroïnes du livre (et donc du film) : Katherine Goble (Taraji P. Henson), qui est montré dès le prologue comme un petit génie en mathématiques ; Dorothy Vaughan (Olivia Spencer), qui est le superviseur de l’équipe sans en avoir le tire (ni le salaire) ; et Mary Jackson (Janelle Monae), clairement la plus rebelle de l’histoire qui aspire à être ingénieur. La narration se concentre du coup sur la manière dont chacune d’entre elles montre un talent exceptionnel au point de fissurer les barrières de l’époque concernant l’avancement des femmes, et bien sûr ici, concernant celui des femmes de couleur.

En tant que film, « Les Figures de l’Ombre » est un vrai bon moment de cinéma. Le réalisateur combine plusieurs éléments cinématographiques pour faire de son film une véritable expérience complète. Ce film traite à la fois de science-fiction, mais est aussi un drama sur les barrières raciales avec ce qu’il faut de notes de comédie pour alléger un propos qui pourrait être lourd. C’est un film malgré tout assez éducatif, et dans l’Amérique de Trump, il est même nécessaire, et devrait être projeté dans les salles de classes.

Ces femmes n’ont pas demandé à être célébrées, mais méritent d’être reconnues car leur savoir ont changé leur époque. Elles ne voulaient qu’un peu d’espace pour prouver leur valeur auprès de leurs équivalents blanc. « Les Figures de l’Ombre » traite bien ce propos, et quand on sait que la NASA n’a reconnu l’importance du travail de ces femmes qu’en 1995, on voit que le chemin fut long.

Vous l’avez compris, je trouve ce film nécessaire, même ici en France. Le mélange Comédie/BioPic/Drama fonctionne bien, et j’en vous recommande vivement la vision !

Les Figures de l’Ombre (Hidden Figures), de Théodore Melfi, c’est en salle le 8 Mars 2017.